Le paysage...
15 février 2020
Voici que ce soir , je prends la liberté de m'asseoir sur la belle grande galerie devant la maison, celle qui surplombe toute la vallée que l'on peut embrasser d'un seul regard.Il est presque sept heures du soir et le soleil décline doucement sur la gauche laissant presque immobile quelques nuages si doux, si roses et tendres qu'ils étirent un peu la paix du moment.
Pour ajouter à la beauté de l'instant, j'ai apporté Miron avec moi, mais aussi Vigneault, Léveillé, Séguin et Lelièvre. Leur musique et leur poésie berce l'air des alentours sans la moindre précipitation, sans le moindre froissement qui dérangerait le respire apaisé de cette nef vivante .
Une fraicheur inattendue s'installe de l'est par le biais d'une brise fragile don la présence discrète fait danser les herbages en contre bas. Le ciel est passé du bleu lumineux et affirmé à une vaste étendue de pureté fanée. Les feuillages des grands arbres aussi sont passés d'une tendresse pastel au secrets des ombrages rampant sur le sol entièrement recouvert d'une toison douce au regard. On les retrouvent ces grands arbres juste après le petit champs, à peut-être trois cent pieds de nous. Vous les voyez? Ils sont alignés comme des écoliers qui attendent que s'ouvrent les grandes portes de la nuit, ce qui ne saurait tarder. Même les sillons dans les labours derrière les arbres, se parent de teintes sombres par le travers. Au delà des cultures, une plaine qui penche a partir de la montagne semble tracée d'un seul coup de pinceau. Rien n'arrête la lumière sur son pelage ondoyant. Elle monte en pente douce jusqu'à la muraille ocre et jaune des rochers verticaux qui montent au ciel comme les flèches des cathédrales d'antan. Au bout de la falaise, un plateau rocheux d'une horizontalité surprenante nous invite à la promenade du dimanche tant elle semble accessible en contournant le petit champs. Puis, plus haut encore, il y a le tapis vert sombre des herbes rêches et basses composées d'herbes odorantes, de bosquets épineux et de mousses qui craquent sous les pas. Parfois, lors d'une promenade en ces lieux, on remarque des petites marmites de pierre avec encore un peu d'eau dedans datant de la dernière pluie. Alors on pense qu'un jour, il y des millions d'années sans doute, tout ceci était le fond de l'océan. Les ligne d'érosion qui sont parfaitement nivelées d'une montagne à l'autre nous le démontrent clairement. Ce devait être un océan immense parsemé d'îles rocheuses que sont devenus les pointes chauves des sommets.
Avant que la nuit ne tombe tout-à-fait, on a juste le temps de voir le sentier qui mène au centre d'art. C'est un petit raidillon qui courbe en descendant entre les bouquets de fleurs sauvages et les eucalyptus embaumant où les mouches et les abeilles qui volent sur place sont reines. La nuit, c'est tout autre chose. Fini les abeilles. Il ne reste que le chant des grillons que l'on ne voit jamais mais qui rythment la nuit, nuit après nuit depuis des siècles. On les entends de partout. Ils chanteront jusqu'à très tard dans la nuit, jusqu'au bout de leur territoire sonore. Alors, si la lune se pointe depuis le massif à notre droite annonçant ses lumières diffuses a travers les brumes humides des hauteurs, on entendra la troupe des chacals qui l'appelleront de leurs cris un peu triste. La meute se trouve près de la rivière, après le grand rocher percé qui s'étend jusque derrière la maison. Un immense rocher nu qui ressemble vraiment a notre rocher percé national. Il abrite les oiseaux nicheurs tels les hiboux, les effraies et les aigles qui tournoient durant la journée en poussant leurs cris strident dans l'espace immense de la vallée.
Tout semble dormir enfin. Mais on sait bien que la vie, la mort se jouent encore dans ce grand silence. On dirait qu'ici la nature serait plus ancienne qu'ailleurs. Mais c'est un leurre. C'est jusqu'ici on peut encore l'entendre. Elle te dit que ta vie est un miracle et que ta mort le sera tout autant, car elle permettra d'autres vies.
Qui sait si les grillons qui chantent depuis toujours sont toujours les mêmes. Ne serais-ce pas si triste si c'était le cas. Ce ne serait pas là la véritable voie de la vie.
Écouter la neige tomber dans sa sublime beauté et espérer que le printemps vienne...
Encore mille fois merci
Denis
xox