1ere VRAIE lettre de Denis pour nous tous!

22 février 2023

Bonjour à tous! 

Mes excuses pour ce petit retard à vous écrire en personne. Je n’épiloguerai pas sur le sujet, mais disons que les communications numériques ne sont plus ce qu’elles étaient avant au village. Il n’y a plus d'antenne wifi dans la montagne à côté, alors il faut faire d’étranges contorsions techniques pour arriver à communiquer avec l’outre-mer. Comme tout ça me donne des maux de ventre rien que d’y penser… 

Enfin. Disons que le voyage s’est très bien passé. C’est vraiment long, mais cette odeur d’herbes fraîches emmêlée à la brise tiède qui nous accueille dès notre sortie de l’aéroport nous fait vite oublier les petites courbatures du voyage. C’est vraiment étrange de sortir de l’avion et de se retrouver soudainement en juillet. Une vraie caresse sur le visage.  

Le lendemain matin, nous prenons la route de Johannesburg jusqu’au village à bord d’un petit bus propriété d’une dame de Naledi. On a eu droit à une virée intense de musique de danse disco sur une bonne partie du trajet. Réjouissant à certains égards, mais intense. Heureusement, j’avais prévu le coup, et je m’étais muni de bouchons pour les oreilles. Magnifique. On est passé de la discothèque à une ambiance feutrée instantanément. La joie. 

Maintenant, pour tout vous dire, je ne m’attendais pas à ce qui a suivi. Nous avions pris le petit chemin de terre qui serpente entre les montagnes en direction de la vallée. Plus nous approchions, plus me revenaient toutes sortes de souvenirs provenant de toutes ces choses vécues par les années passées. Tout ce chemin parcouru depuis près d’une décennie. Et puis, il y avait la grande beauté des paysages, les odeurs des fleurs sauvages, les sons des abeilles, qui bourdonnent parmi les vergers et les rochers témoins de millions d’années d’histoire de cette terre. Je ne m’y attendais pas, j’avais oublié on dirait. Lorsque j’ai vu de loin le grand rocher qui borde la vallée, lorsque j’ai su que nous étions arrivés enfin après ces longues années de séparation, je fus pris d’un immense sentiment de gratitude envers cette vie qui ne tarit pas de beauté. Les larmes coulaient toutes seules sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Il y a des moments comme ça qui s’infiltrent dans notre cœur et qui y restent à jamais. C’est un sentiment rare, bien au-delà de la joie et de la peine.  

Nous remontons maintenant le petit chemin cahoteux qui longe le village. À mi -chemin entre la route  et Marakong (l’endroit où nous demeurons) il y a la maison d’Anton, celle de sa veuve maintenant. J’ai demandé à Makabelo (le chauffeur) d’arrêter quelques minutes pour que je puisse aller offrir mes sympathies à Ma Tsepo. Je suis descendu, et l’ai trouvée près de sa maison. Quand elle m’a reconnu et n’a dit que mon prénom et cela fût presque toute notre conversation. Il aurait été vain de chercher d’autres mots pour exprimer notre peine commune suite au décès d’Anton. Il m’a fallu un peu de temps pour regagner le bus. Mes amis de voyage comprenaient bien la tournure des choses et furent adorables de délicatesse et de respect. D’ailleurs, ces précurseurs que sont Robert, Loulou, Julie et Yves me dévoilent un peu plus chaque jour les trésors d’humanité qui affleurent sous leur personnalité riche, enjouée et attentive à la beauté de ce monde si différent et si proche à la fois. Merci mille fois à Robert de m’avoir fait connaître cette belle bande de globe-trotteurs sans qui je n’aurais pu faire qu’une petite fraction de ce que nous avons accompli à date au  village. 

Cette année, petite nouveauté, je suis à même de partager avec vous par de courtes vidéos, des moments de vie, des lieux et des rencontres qui ont pour but de vous faire voir en direct toutes les réalisations que vos dons ont permis au fil des ans. La scolarisation des jeunes n’étant pas la moindre de ces réalisations.  

Je sais que notre communauté du Québec est bien souvent sollicitée pour ce projet. En fait, je crois que nous pouvons considérer ces dons récurrents comme un mode de vie en quelque sorte.  

C’est le don d’une communauté à une autre dans ce temps transitoire où, tranquillement, s’équilibrent les disparités d’opportunités dans ce monde où il est de moins en moins possible de fermer les yeux sur la détresse silencieuse de ces hommes et de ces femmes qui partagent notre planète.  

Une bonne façon d’aider le mouvement, c’est d’aider à agrandir ce réseau pour soulager la pression qui s’exerce sur nos donateurs réguliers. Peut-être que bien des gens aimeraient entendre nos histoires et partager avec nous ces moments de grâce où, enfin, on a le sentiment de pouvoir faire quelque chose de tangible et de concret pour améliorer la vie autour de nous. Pour nous, c’est très simple, tous les dons se transforment instantanément en matière à améliorer la vie. Jamais je n’ai rencontré cet homme qui a regretté un jour de partager un peu de bonheur avec ses frères, fussent-ils si lointains.  

Peut-être un jour voudriez-vous venir avec moi au pied des montagnes, sous le vent du Sud. Ce jour -là, non seulement ce sera possible, mais ce sera sans doute aussi un des plus beaux moments de votre vie.  

Merci à mon amour Michèle d’orchestrer toutes ces communications pour en faire quelque chose de compréhensible pour tous. C’est une des actions que pose cette femme merveilleuse pour que survienne ce miracle de partage entre nos continents. 

Merci à vous tous de lire mes histoires avec la gentillesse du cœur. Il n’y a pas de plus beau cadeau. 

 

On se reparle sous peu avec de nouvelles aventures sous le soleil austral. 

 

Amitiés

Denis 

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