Un bonjour austral...
27 février 2019
Un bonjour austral...
Aujourd'hui c'était le retour vers la vallée. Mais avant de quitter cet endroit idyllique, hier soir, je suis allé me promener sur le littoral, près des falaises, là où les éboulis de roches font le pont entre la mer et la falaise. Il y avait de longs et puissants rouleaux qui venaient s'écraser contre les rochers dans un bruit assourdissant. Le vent tiède de fin de journée venait frôler mon visage comme une caresse d'été.
Je m'étais assis sur un gros rocher à contempler le soir qui tombe sur la mer quand pendant un instant, je me suis senti observé. J'ai regardé autour de moi et je n'ai d'abord rien vu. Tout semblait pareil au moment d'avant. Puis à quelque distance de moi' j'ai vu deux petits yeux noirs qui me fixaient intensément. Pas un mouvement, le pelage de la même couleur ocre que les rochers, cette petite bête ne semblait pas être rassurée par ma présence. Elle ne bougeait pas d'un millimètre. Puis il y a eu une autre paire d'yeux qui est apparue puis une autre encore. Il y avait entre la mer déchaînée et la falaise une petite colonie de ce que les gens d'ici appellent des lapins de rochers. Ça ressemble un peu à des marmottes mais en plus gros et ça court entre les rochers à grande vitesse. C'est plutôt spécialisé comme colonie non?
A la nuit presque tombée, à l'heure où on ne distingue presque plus l'horizon il y a des centaines d'oiseaux qui sont apparus de nulle part semble t-il et qui prenaient le vent avec un drôle de bruit d'ailes. C'était fascinant de les voir se précipiter dans le noir.. Ils émergeaient des rochers avec une espèce d'urgence téméraire pour se fondre ensuite dans la nuit déjà bien installée dans le haut des falaises. Après un moment, j'ai bien réalisé qu'il ne s'agissait pas là d'oiseaux mais bien de chauve-souris. Des centaines de chauve-souris dans la nuit. Le drôle de bruit que font leurs ailes au contact du vent du large est dû à la fine peau qui relie leur long doigts ensemble et qui forme leurs ailes. Spectacle étrange et fascinant s'il en est un.
Je suis retourné à la maison retrouver mes amis autour d'un barbecue géant. Vois le savez, je ferais certainement un bien piètre végétarien et un véganien déplorable. Mais, pendant ces quelques jours au bord de la mer, j'ai tellement mangé de viande que cela commençait un peu à me sortir par les oreilles. Mon camarade Gino était le cuistot officiel de notre séjour, et le jour n'est pas encore venu où il entamera un morceau de salade avec un quelconque plaisir. Ouf! Porc, agneau, boeuf, saucisses de tout acabit tout y est passé. On a fait tout un carnage dans les élevages du coin.
Le lendemain matin, après avoir mangé les restes de la veille, on s'est décidé à partir tranquillement. Vu que Gino souffrait d'un mal de dent et qu'il était sous antibiotiques, je fus nommé chauffeur désigné. Alors j'ai conduit tout le long ce qui représente environ sept heures de route.
Je ne sais pas si vous pouvez imaginer le stress que c'est que de conduire à l'envers sur les grandes routes et dans les villes. C'est un peu particulier. On se sent toujours délinquant et prêt à mourir dans un face à face avec un gros camion. Dans les villes, la moitié des feux de circulation ne fonctionnent pas, alors on suit le chaos du mieux possible dans un vacarme assourdissant de klaxons entre les piétons qui traversent n'importe où en tentant de sauver leur peau. Sur les routes de campagne, il faut éviter les troupeaux de chèvres, de vaches, d'agneaux ainsi que les cochons solitaires qui foncent d'un bord à l'autre de la route avec une inconscience toute porcine. Bref, tout ce qu'il y avait dans ton assiette la veille défile maintenant sur la chaussée.
Quand on est arrivé dans la vallée, j'étais cuit. Complètement épuisé. Je me suis reposé un peu puis je me suis précipité au poste ou on peut avoir l'Internet par wifi. J'avais hâte d'avoir des nouvelles de ma bien-aimée et des vôtres aussi bien sûr. Je suis toujours très content de lire tout ceux qui m'écrivent. Ça fait du bien d'avoir des nouvelles de ma famille et des amis.
Je suis maintenant seul à la maison dans la montagne (une petite montagne) tous les autres sont repartis pour Johannesburg. La nuit est tombée depuis longtemps et seuls les grillons rompent la monotonie de la nuit. Tout à l'heure , un coucher de soleil orangé embrasait le ciel de la vallée vers l'ouest chassant les derniers nuages laissant la place au ciel étoilé austral. Tout est calme et serein pour cette nuit que je tenterai de prolonger peut-être un peu en matinée.
D'ici notre prochain rendez-vous, portez-vous bien en cette belle fin (?) d'hiver.
Encore merci pour tout
A bientôt
Denis
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