Doumela!

13 février 2019

Doumela!
Voilà comment on se dit bonjour par ici. Doumela Ndate pour les messieux et Doumela me , pour les dames.

Alors je vous le dit tout de suite ce n'est las facile. Vingt-cinq degrés en moyenne  le jour, alternances de soleil, nuages et orages le soir. Un vrai cauchemard. Je commence même à avoir des couleurs d'estivant, c'est tout dire.
En Arrivant, j'ai passé les deux premiers jours à dormir. Je crois qu'il y avait du rattrapage à faire. Par la suite, je suis descendu au village prendre le pouls des habitants et voir où en sont rendues les dernières histoires. Très important les dernières histoires. Cela permet d'être au diapason de la vie du village. Je suis allé voir les amis et pris de leur nouvelles. J'ai salué les enfants (ils se souviennent tous de mon nom!) et les aînés au fil des sentiers de terre qui séparent les maisons. Le soir, je retourne à la belle maison où j'habite seul depuis mon arrivée. Pour être tranquille c'est tranquille! Pas âme qui vive à un kilomètre et demi à la ronde. Seul dans la montagne. Alors le soir, lorsque je reviens de mon travail à l'atelier de bois, je m'assied devant la grande porte vitrée ouverte qui donne sur la vallée et je regarde simplement tomber le jour pour une bonne heure ou plus. Quand la noirceur s'installe je met de la musique calme, je soupe tranquillement et je fais de la lecture avant d'aller me coucher. Comme il n'y a pas de télévision, pas d'Internet, pas de téléphone ni même d'électricité le soir et la nuit, ce n'est pas difficile de se laisser gagner par une grande paix pastorale. On ne parle pas, Wilson et moi. (Petit chat semi sauvage que j'ai comme compagnon) et on laisse les grenouilles de la rivière en contre bas mener le concert quotidien dédié à l'arrivée des étoiles. Les grillons prennent le pas et entonnent le chœur harmonieux qui s'étirera longtemps dans la nuit. Souvent, une petite brise tiède viendra faire onduler les herbes verdoyantes sur les pentes douces qui descendent aux champs. Une vache perdue de l'autre côté de la rivière fait résonner son long cris qui se fait écho sur les paroles rocheuses des falaises des environs. Il n'y a rien de plus que tout cela aux soirs qui passent. Et ça me suffit largement. C'est tout ce que je pouvais espérer.

Les premiers jours, j'ai tout de suite rencontré Ma Justine et N'date Japi qui s'occupent respectivement de l'école primaire et des études secondaires des enfants de la vallée. Je ne voulais pas attendre, parce que l'année dernière, Ma Justine était à une seule journée de se faire couper l'électricité quand je suis arrivé.... Alors je n'ai pas pris de chance. J'y suis allé directement. De dire que vos dons ont été grandement appréciés est un euphémisme rachitique. Cela simplifie tellement le grand casse-tête de l'éducation pour beaucoup de parents. A quinze dollars par jour, quand on est payé, la liste scolaire parait très longue lorsque vient le temps d'envoyer ses enfants à l'école. Japi avait tout préparé ses documents, ses factures, et même une page couleur faisant état des valeurs mises de l'avant pour promouvoir le nouveau programme d'éducation des jeunes filles. Du beau travail. Il était touchant de le voir assis au bout de la table essayant de m'expliquer tout ce don il n'avait pas à me convaincre. C'est un homme bon qui comprend où se trouve le véritable avenir de ce village. Ma Justine quant a elle ne savait plus où regarder quand j'ai déposer cette liasse de Rand devant elle. On aurait dit une collégienne venant de se faire prendre à voler du hi-liner chez Jean-Coutu. Cela ne se pouvait pas qu'elle mérite tout ça d'un soul coup, pour rien. Juste comme ça. Alors je l'ai serrée dans mes bras, et je l'ai laissée digérer son bonheur et sa quiétude à venir. Il y a des remontées dans la montagne comme ça, qui sont plus légère que les autres, plus douce au coeur. Merci à tous ceux qui ont participé, de près ou de loin à ce bonheur immense. Cela restera gravé en moi pour le reste de ma vie.

Pour le reste, disons que cette année il y a deux bibliothèques, un comptoir de cuisines avec armoires assorties, quelques étagères et tables de dessin pour les enfants à produire à l'atelier de menuiserie, sans compter quelques chevalets et aussi des bureaux spéciaux pour le tressage de bijoux. Rien que ça.
On fera ce que l'on pourra Jim et moi dans les moments où il y a de l'électricité pour faire fonctionner les outils. Et le reste...inch Halla!

La semaine prochaine, on retournera à KoiKoi où se trouve l'école secondaire. Je vais prendre de nouvelles photos et vous écrira un petit mot pour vous partager ce voyage unique et formidable.

Merci à tous encore une fois. Merci de m'accompagner au bout du monde de toutes les plus belles façons.

Denis
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Petite journée Sud Africaine...